• mon yo-yo

    Ce fut mon père, nous accompagnant pourtant rarement dans les grands magasins, qui aperçut l'article en rayon, le prit en main pour le soupeser, et vérifier son équilibre ainsi que la qualité de la cordelette mais sans la défaire car elle était retenue par un genre d'agrafe métallique. A retardement, il fit : « tiens, un yoyo ! », l'acheta et me le donna.



     



    A la maison, il m'apprit comment le manipuler, il le fit parfaitement fonctionner à grands mouvements lents puis me le passa. Après un faux geste qui le précipita à terre, je pris rapidement le coup ; pour bien amorcer le mouvement, il y a une petite secousse ferme à donner en remontant du triple de la hauteur dont on l'a descendu, ensuite le va-et-vient de la main doit être assez ample et bien régulier si l'on veut tenir longtemps.



     L'important est aussi l'enroulement régulier de la ficelle autour de son axe qui doit s'exécuter avec toute l'attention requise.

    Ma mère aussi essaya et le maintint un moment à faire le ludion puis me le rendit. Manifestement, l'objet ne l'intéressait pas vraiment.



    Je crois que je n'ai plus jamais eu de yo-yo qui marchait si bien. Il était en bois lisse et veiné, austère, doux et tiède au toucher avec des bords très arrondis, et tenait parfaitement dans le creux de ma main.



     



    J'ai beaucoup joué avec ce yoyo et l'ai conservé deux ou trois ans jusqu'à ce qu'une fillette venue à la maison en visite avec sa mère, me le subtilise ainsi que d'autres petits jouets. L'enfant était handicapée et profondément bouleversée par son état. Sa mère qui savait que sa fille commettait de petits larcins, demandait toujours au parents s'ils avaient remarqué la disparition d'un objet quelconque ; elle leur demandait de les excuser si c'était le cas, proposait de les rendre si elle les trouvait (ce qui n'arrivait jamais) et aussi de dédommager ses hôtes de la perte.




    Je me souviens de son visage amaigri qui devenait encore plus tourmenté quand elle prononçait ces paroles en essayant d'adopter un ton paisible. Bien entendu, personne ne signalait jamais rien. D'autant plus qu'il s'agissait de choses dérisoires pour la plupart du temps, sauf une fois, mais ceci est une autre histoire.


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