• Ensuite, l'ordre m'échappe mais je sais que Tante Marie, car je l'ai connue, détestait ses parents à qui elle reprochait, entre autre, ne ne pas s'être suffisamment occupés de leurs gosses, détestait ses aînés, leurs terres et leurs travaux agricoles, détestait les bateaux qu'ils soient de pêche ou pétroliers, détestait en fait l'Algérie pour toutes sortes de raisons dont entre autres des motifs socio-politiques puisqu'elle était socialiste dans l'âme. Faisant toujours cependant les choses dans l'ordre et la rigueur, elle attendit ses 21 ans pour partir en Belgique où elle trouva un travail d'ouvrière à Bruxelles, changea deux ou trois fois d'usine au cours de sa vie et finit contremaître, consacra une partie de son temps au syndicalisme, une autre à ses compagnons successifs, tous belges, et mourut très âgée, célibataire et sans enfants, alors que j'étais adulte.


    Le frère suivant ou précédent, Alphonse, la rejoignit en un parcours à peu près semblable mais plus heurté car la guerre de 14 l'appela en France pendant quelques années pour combattre. Il fut blessé comme la plupart des soldats de la Grande guerre. Une fois guéri et la guerre finie, il repartit en Belgique, troqua l'usine pour le bureau, et vécut tranquille et solitaire jusque tard.


    Un autre un peu plus jeune dont je ne me souviens plus du nom car il avait disparu bien avant ma naissance, poursuivit ses études puis entra au séminaire. Au moment de prononcer ses vœux, il changea d'avis et s'engagea dans les zouaves, partit pour l'Afrique noire où il devait périr dans une rixe en je ne sais plus quel pays.

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    Je crois que c'est le suivant qui s'engagea dans la marine, déserta et dont on n'entendit plus parller jusqu'à ce que 20 ans plus tard, mon arrière-grand-mère soit avertie de son décès par le consulat de France en Uruguay où son cadavre avait été retrouvé en piteux état. Il semble qu'il y vivait depuis un certain temps car des personnes avaient pu l'identifier.

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  • Ce fut mon père, nous accompagnant pourtant rarement dans les grands magasins, qui aperçut l'article en rayon, le prit en main pour le soupeser, et vérifier son équilibre ainsi que la qualité de la cordelette mais sans la défaire car elle était retenue par un genre d'agrafe métallique. A retardement, il fit : « tiens, un yoyo ! », l'acheta et me le donna.



     



    A la maison, il m'apprit comment le manipuler, il le fit parfaitement fonctionner à grands mouvements lents puis me le passa. Après un faux geste qui le précipita à terre, je pris rapidement le coup ; pour bien amorcer le mouvement, il y a une petite secousse ferme à donner en remontant du triple de la hauteur dont on l'a descendu, ensuite le va-et-vient de la main doit être assez ample et bien régulier si l'on veut tenir longtemps.



     L'important est aussi l'enroulement régulier de la ficelle autour de son axe qui doit s'exécuter avec toute l'attention requise.

    Ma mère aussi essaya et le maintint un moment à faire le ludion puis me le rendit. Manifestement, l'objet ne l'intéressait pas vraiment.



    Je crois que je n'ai plus jamais eu de yo-yo qui marchait si bien. Il était en bois lisse et veiné, austère, doux et tiède au toucher avec des bords très arrondis, et tenait parfaitement dans le creux de ma main.



     



    J'ai beaucoup joué avec ce yoyo et l'ai conservé deux ou trois ans jusqu'à ce qu'une fillette venue à la maison en visite avec sa mère, me le subtilise ainsi que d'autres petits jouets. L'enfant était handicapée et profondément bouleversée par son état. Sa mère qui savait que sa fille commettait de petits larcins, demandait toujours au parents s'ils avaient remarqué la disparition d'un objet quelconque ; elle leur demandait de les excuser si c'était le cas, proposait de les rendre si elle les trouvait (ce qui n'arrivait jamais) et aussi de dédommager ses hôtes de la perte.




    Je me souviens de son visage amaigri qui devenait encore plus tourmenté quand elle prononçait ces paroles en essayant d'adopter un ton paisible. Bien entendu, personne ne signalait jamais rien. D'autant plus qu'il s'agissait de choses dérisoires pour la plupart du temps, sauf une fois, mais ceci est une autre histoire.


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  •   



    emprunté le livre Le catalogue des jouets de l'italienne Sandra Petrignani née en 1953 où je retrouve une liste de jouets qui me parle tant que je pourrais faire mon propre commentaire sur chacun d'eux



    récits où l'on peut relever ce qui est ressenti pareil parce que dépendant de nos sens à nous autres humains mais aussi le parfum et la gamme émotionnelle d'une époque liée à sa technologie, les années 60/70 et ici, la culture latine et puis, malgré tout, les différences innombrables qui tiennent de la région où l'on habite, de l'environnement social et familial et, surtout, du caractère et du comportement de chacun



    le bouquin est cependant un peu trop besogneux, un soupçon forcé; l'impression que l'auteur persiste parce qu'elle pense avoir eu une bonne idée de thème, ce qui demeure exact, mais que finalement, l'énumération lui est pénible, on sent qu'elle en a assez, que cela ne l'intéresse pas suffisamment, voire qu'elle n'a rien à dire de tout cela, ce qui rend le livre un peu fastidieux malgré la bonne volonté nécessaire qui est mise en oeuvre



    il reste que d'un point de vue sociologique et peut-être même ethnographique, il est intéressant à consulter et parfois magnifique pour la précision de ses descriptions



    voici le chapitre du Yo-yo



    Aux environs de 1930, un jouet ressuscita. Il prit le nom frivole de yo-yo et entra parmi les classiques. Les enfants de la Grèce antique y avaient joué. Pendant la Révolution française, les adultes y jouaient continuellement. Mais à l'époque, on l'appelait émigrette, peut-être à cause de son instabilité, de sa nostalgie du sud quand il était au nord, et vice-versa. Le hey de Coblence ou Coblenz ou l'émigrant. Deux disques de bois soudés au centre et divisés par une profonde rainure. Autour de l'axe qui les unit, on enroule et déroule une cordelette faite de minuscules fils tressés. La main lance le disque tout en maintenant la ficelle entre les doigts. Parvenu au bout de sa course vers le bas, mais retenu par l'attache, le disque revient spontanément en arrière, tend à remonter le long de la ficelle. si la main le guide avec le bon rythme, il continue à monter et redescentre, lentement ou rapidement selon ce que l'on préfère. C'est une question d'harmonie, un don inné pour la musique, une sorte de danse. On n'apprend pas à jouer au yo-yo. On est bon tout de suite, ou jamais; après, on peut seulement se perfectionner dans des acrobaties ultérieures. C'est ainsi que celui qui joue, joue, et que les autres restent là à le regarder.


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  •  a-t-il connu ma mère, ce mr Olivier Pergault qui conçut cette image ?



     étrange comme les esprits conçoivent des formes signifiantes malgré les apparences et qui entrent en résonnance avec la pensée et le rêve de l'autre



     Ma mère qui était une rigolote et avait du goût pour les igloos, les appelait, au grand dam de mon père, ses jeux d'esquimau.



    Ils étaient, en vrac



    - construire un igloo avec des cubes



    - se dire bonjour en se frottant le nez (connu)



    - jouer aux osselets



    - jouer à l'échelle au ciel (jeu de ficelle, ce motif classique est l'échelle de Jacob) 



    - chasser le phoque (plonger en eau profonde et rester au fond le plus longtemps possible)



    - faire le pingouin (marcher sur le garde-fou de la terrasse, entre celle-ci et l'a-pic de 4 étages de hauteur) (moins connu mais très troublant à regarder)



     il est très possible que j'en oublie 



     tous, jeux qu'elle m'enseigna mais que je n'appris pas, trop certaine de ne jamais parvenir à y exceller comme elle le faisait


    la ficelle entre ses mains devenait magique et en un clin d'oeil se nouait en 100 formes différentes dont certaines de son invention



     les osselets allaient si vite à être lancés puis ramassés que je ne l'ai jamais vue perdre à ce jeu que j'avais en horreur et auquel je refusais de participer



     alors pour se venger, elle me disait qu'un jour elle casserait la glace pour chasser le phoque pour de   bon et qu'alors je ne la verrais plus, turulu








     





     





     


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  • Petite, j'écoutais avec curosité les anecdotes familiales et j'en redemandais. Certaines histoires me paraissaient tout droit sortir d'un roman.
    Mon père avait eu une enfance tumultueuse. Né à Paris, de personnes nées à Paris, il portait un nom alsacien auquel je me sens attachée et qui désignait tout simplement les personnes d'origine germanique, ce qui est amusant est que ma grand-mère avait également un nom de même signification, (Foucard/peuple dur, sous entendu peuple germanique) et que tous deux l'ignoraient.
    Je vois dans ces noms, mon goût pour les peuples "barbares" venus du nord, plutôt que pour la civilisation latine. Toute enfant, j'étais extrêmement attirée par l'allemand que j'allais choisir en première langue et puis au dernier moment, mon père a fait une scène, violente et incongrue. Il ne supporterait pas d'entendre parler allemand à la maison. ma mère elle-même était surprise car il y avait une méthode d'apprentissage de l'allemand et un dictionnaire allemand/français à la maison que mon père parfois consultait. Néanmoins, l'épisode était si révélateur de la souffrance subie dans les camps où  il avait été prisonnier que j'avais immédiatement supprimé ce choix et n'étais plus jamais revenu sur cette décision. Seule ma mère fut en désaccord dans cette affaire mais considérant mon attitude bloquée et irréversible, elle n'insista pas au bout de quelques jours,



    Les meilleurs souvenirs de mon père se situaient en Bretagne qui était "le pays" de sa grand-mère paternelle et où il avait été placé durant le divorce de ses parents, alors qu'il avait entre 5 et 9 ans. Il racontait comment arrivé dans la ferme familiale qui lui parut énorme et très peuplée, il avait été ravi par une abondance qu'il n'avait jamais connue. Au point qu'il se gavait sans cesse et qu'il fut plusieurs fois malade pour avoir trop mangé. Il disait sa surprise en voyant les vieilles de la maison dont aucune pratiquement ne parlait français, passer toutes leurs journées auprès des fourneaux et lui distribuer des galettes et des crêpes et même du ragoût dès qu'il le demandait quelle que fut l'heure.
     Dans la ferme, il y avait toute une bande de gosses, des cousins éloignés pour la plupart, personne ne s'en occupait vraiment au point que souvent, mon père ne savait pas quels étaient les parents de l'un ou de l'autre. Quand ils n'étaient pas à l'école, ils passaient leur temps à courir partout. Une grande liberté compensée par le fait que, parfois, on leur demandait de mettre la main à la pâte, une course, une charge à porter, une aide pour s'occuper des animaux ou des cultures, pour ramasser du petit bois ou même scier des bûches.


    Mais ça ne durait pas et on les renvoyait rapidement à leurs jeux.



    Mon père disait avoir été fasciné par toute l'activité intense de ces gens qui, lorsqu'ils ne travaillaient pas, priaient ou s'amusaient mais dormaient peu. Les vieillards, souvent d'un âge très avancé, lui avaient particulièrement paru laborieux.  Quand elles ne cuisinaient pas, les femmes brodaient ou faisaient de la dentelle ; après les travaux agricoles, les hommes sculptaient du bois, fabriquaient des outils, forgeaient. Certains jouaient d'un instrument de musique. Tous chantaient et dansaient  lors des fêtes collectives qui restaient nombreuses.

    Il avait retenu aussi le mobilier imposant, le grand lit clos où il dormait et chahutait avec d'autres gosses. Les longues tables. Le seul défaut qu'il leur trouvait, concernait l'hygiène, car les femmes s'occupaient davantage de nourriture que de nettoyage, mais autrement, le tableau qu'il dressait de cette Bretagne qu'il avait connue, était assez idyllique

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