• Bambola

      unepoupée de Hans Bellmer




    Si Petrignani a ouvert quatre rubriques sur le thème de la poupée, Bambola, bambola Lenci, bambolino, Barbies, c'est qu'il y a beaucoup à en dire, notamment au sujet des rapports conflictuels que la gent féminine entretient avec les poupées.



    On distingue chez l'auteure elle-même un certain rejet des poupées lorsqu'elle décrit le dégoût de la petite fille pour la bambola exhibée sur le lit d'une couturière que celle-ci est fière de lui présenter (sa façon de raconter inclut l'enfant qu'a été le lecteur comme si c'était là une expérience collectivement partagée où l'écrivaine nous indique qu'elle nous a suffisamment en estime pour comprendre que nous non plus, nous n'aimions pas ça)



    Il y eut effectivement à notre époque puisque cet écrivain est de la même génération que moi, d'une part, un engouement de la femme adulte pour les poupées, de l'autre un jugement assez dur à forte connotation sociale sur cette déco jugée « primaire ».



    J'ai connu moi aussi de ces chambres à coucher ornées d'une poupée, ordinaire par elle-même mais extrêmement habillée de robes débordantes de volants, dentelles et fanfreluches en tous genres, assise au centre d'un lit deux places recouvert de satin molletonné rose, bleu ciel ou jaune d'or.



    Ma mère qui disait trouver cela de mauvais goût, admirait cependant certaines poupées qu'elle voyait chez des amies.



    Même si elles avaient une couturière, toutes les femmes cousaient et étaient à même d'apprécier un travail d'aiguilles compliqué comme celui que révélait ces poupées. Je me souviens particulièrement « d'Espagnoles » aux longues robes tourmentées de danseuses de flamenco dont la traîne envahissait parfois, une partie du lit.

    <?xml:namespace prefix = o ns = "urn:schemas-microsoft-com:office:office" /><o:p> </o:p>Il y avait aussi, Petrignani, les « sautent », pour plus de concision, les poupées dites « de collection » qui s'alignaient dans des vitrines où elles présentaient des costumes régionaux ou nationaux. Et même, si là aussi, ma mère prétendait que c'était une drôle d'idée de les mettre ainsi en valeur, je la sentais intéressée.

    Une année, ma grand-mère, vivant en Belgique m'envoya un « gilles » bossu de carnaval, probablement parce que son compagnon d'un temps, un Breton, m'avait offert une poupée portant le costume de Quimper; enfin, un ami de mon père, m'expédia de Paris, une danseuse de french cancan.



    Du coup, je vis ma mère tournicoter autour de la cheminée de ma chambre où je les avais posées, me demandant si j'allais en faire la collection et ce que je voulais ensuite.



    Cependant, c'est la danseuse de french cancan qui m'intéressa vraiment quand je m'aperçus que non seulement elle avait des seins très réalistes mais qu'elle était en caoutchouc armé et que je pouvais ainsi tordre ses membres et son corps dans tous les sens pour lui faire prendre les positions les plus saugrenues. La pauvre fille en perdit son corset, sa jupe à froufrous et son boa en plumes, que j'avais mis de côté pour plus d'aisance dans le mouvement, et dont je ne la revêtis plus.



    Ma mère abandonna l'idée de collection.


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