•  Je viens de jeter un oeil à un joli blog de future maman qui dit ses envies de grossesse. C'est superbe d'être ainsi, tant à l'écoute de toutes ces choses. Pour moi, je ne me souviens pas d'envie alimentaire particulière lors de mes grossesses. Peut-être y eût-il des élans instinctifs pour tel ou tel aliment, c'est possible mais au quotidien, cela me semble également procéder ainsi. Selon l'humeur, la forme et les saisons, les besoins diffèrent.




    Les vraies de vraies envies d'aliments remontent à mon enfance où, paradoxalement, les repas me posant problème car je n'avais jamais faim, j'angoissais par avance de ce que j'allais trouver à table. Car si ce que j'aimais quand même il fallait l'avaler, pouvait encore passer par petites cuillères lentement déversées en mon palais, ce que je détestais ne pouvait en rien franchir la barrière des mâchoires que je ne parvenais plus à écarter suffisamment tant le dégoût était alors total. Et les bouffes que j'aimais bien, j'avais des doigts en trop à la main, pour les compter. Mais alors celles-ci me paraissaient prometteuses, énormes et compactes, lourdes de sensations diverses et ma préoccupation principale était de trouver moyen de l'avaler tout entière. Il convenait alors de tenter d'échapper à ce qui l'accompagnait afin de pouvoir appréhender ce que j'aimais sans trop de souci.




    Ces mets étaient, la purée de pommes de terre faite maison et encore davantage, les croquettes de pommes de terre dont les différentes consistances, croûte de chapelure dorée, fondant interne, étaient tout particulièrement alléchantes et puis la crème renversée et sa peau brunie. C'était tout mais j'y ajoutais par la suite, le flan vanille nappé de caramel liquide et la glace à la pistache d'un certain pâtissier glacier qui y mettait de petits bouts craquants. Il y avait aussi, mais c'était là mets exceptionnels les rahat-loukoum d'un confiseur syrien, les violettes sucrées et certaine gâterie minuscule à l'angélique d'un confiseur de Bordeaux, les "coeurs" frais de lait de brebis que certains marchands venaient parfois porter à domicile, une à deux fois par an, les abricots confits de la boîte annuelle de fruits confits d'Apt que l'on offrait à mes parents, une certaine mousse de foie truffé d'un certain rôtisseur chez qui l'on allait pour les repas exceptionnels, le milk-shake à la fraise que l'on servait dans un établissement qui s'appelait le milk-bar et précisément spécialisé en milk-shakes et où nous allions faire un tour avec ma mère, une ou deux fois par mois, le beignet arabe frit grand comme une assiette acheté chez un vieux vendeur ambulant et dont l'aspect solaire tout doré et luisant de graisse m'émerveillait bien que j'allais rarement au-delà d'une bouchée, ma mère le finissant aimablement. L'oublie, également acheté à la sauvette et qui est une gaufre enroulée en forme de cornet sauf qu'il est plus grand que celui où l'on met de la glace mais beaucoup plus goûteux, un peu comme les cornets américains et que je grignotais petit bout par petit bout pendant tout l'aprèm car il était facile à tenir, pas salissant et assez solide, je pouvais l'entraîner partout avec moi durant la balade.


    Pour la petite histoire, l'oublie est une gaufre très ancienne cuite entre deux plaques de fer puis roulée, qui date du Moyen-âge et même avant puisqu'on la trouvait déjà en Grèce antique, et ceux qui la fabriquaient s'appelaient les oubleyeurs et étaient regroupés en corporation. Ce sont en quelque sorte nos anciens pâtissiers .


      jeune marchand d'oublies à Bordeaux

    photo empruntée au site d'un pied-noir http://afaulxbriole.free.fr/beignets.htm













     











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  •    Bien que je ne sois pas habile de mes mains, j'ai toujours été attirée par les outils, les pièces détachées, ce qui sert à fabriquer. Aussi, n'ai-je pas été désespérée quand il m'a fallu parfois travailler dans des usines à de petits montages à la chaîne ou sur une machine, ou encore à découper des pièces ou les souder.


    D'une certaine façon, ces heures tronçonnées en tous petits bouts circulaires au rythme des machines, me fascinaient comme je soupçonnais que cette répétitivité des gestes pouvait devenir aussi bien insupportable qu'entraîner une addiction chez l'ouvrier. 


    Certaines scènes d'usine m'ont marquée comme aussi le bruit parfois admirable des presses dans les grands ateliers métallurgiques.


     








     


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  •  Le parfum de l'eau de rose est logé pour toujours à l'arrière de mon nez, si bien que je peux repérer très distinctement le lieu où émergent les ramifications du nerf olfactif.



    Peut-être même, ce parfum un peu aigre car mélangé à l'odeur de la peau de ma mère quand elle venait m'embrasser le soir, alors que je dormais déjà, s'est tant mêlé à mes rêves qu'il imprègne toutes les odeurs que je perçois.



    Enfant, j'avais rêvé d'offrir à ma mère, une eau de rose exceptionnelle car faite de mes mains. Et grapillant des sous à une tante qui m'aimait bien, j'achetai des roses que je choisissais roses de préférence et pâles aussi car ainsi leur soyeux en paraissait décuplé.



    Je détachais leurs pétales pour les plonger dans un bac empli d'eau et je reniflais ce qu'ils devenaient, avant, pendant, après pour constater toujours que ce qu'il y avait de pourri mais de caché dans leur lourd parfum, alors que je les tenais encore entières et toutes fraîches, venait faire surface très rapidement et s'amplifiait, une fois l'ultime meurtre accompli et se poursuivait malgré toutes mes inopérantes idées d'orientation et d'exposition du bac. Au bout de quelque temps,  la puanteur que j'y discernais se stabilisait puis s'estompait peu à peu mais entraînant avec elle le meilleur de l'odeur, ce qu'elle avait de plus intimement charnel.


    De ces séances qui m'ont appris tout au moins, que les choses vivantes échappent à notre intention si l'on ne sait les rituels adéquats, j'ai retenu le contact de velours du pétale, l'envie d'y faire pénétrer l'ongle pour goûter son épaisseur et sa tendreté, leur modelé rétif à toute pression, leur couleur poudreuse adhérant à mes doigts de coupable comme celle des écailles de l'aile du papillon, leur fragilité et leur dureté tout ensemble qui faisait leur beauté inaliénable au-delà de l'arrachement, de la douleur et de la destruction.


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  • Cette corolle qui s'enroule sur elle-même, illustrant  mon fond d'écran au moment où j'écris me renvoie aux grandes fleurs de papier, souvent en forme de coquelicot, que j'appris à fabriquer dans les années 65. Piquer quelques unes de ces fleurs géantes dans un coin du salon était tout à fait branché, à l'époque.



    Je n'en ai pas trouvé de photo sur le web. Il me faudrait en faire une mais je crois que j'en ai oublié l'art et à la manière.



    Dans la même période, j'appris le crochet et je m'étais fait un châle triangulaire,  à partir d'un patchwork de motifs floraux, pétales multicolores qui formaient cercle inscrits dans des carrés jaune pâle. Il était tout à la fois gai et romantique et je l'ai porté longtemps, particulièrement en soirée, pendant la saison chaude.



    Une voisine, jeune institutrice, amie de ma mère,  en avait très envie et m'avait demandé de lui en faire un mais je n'en avais pas le loisir, peut-être aussi n'en avais-je pas le désir malgré la rémunération promise et je lui indiquai simplement la façon de procéder.


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    Cette belle-mère dont je parle, était la mère de mon mari. Une chtimmie authentique qui s'était installée dans le sud de la France avec son époux, une fois qu'il eût pris sa retraite. Elle avait des taches de rousseur sur les bras, des mains fines et racées qui coururent sur les touches de son piano jusqu'à la fin, et avait mal aux genoux.


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